Dernier État à devenir membre de l’Union Européenne en 2013, la Croatie a durci les contrôles aux frontières dans la perspective de rejoindre officiellement l’espace Schengen avant 2024 avec le soutien financier de la Commission européenne sous la supervision de Frontex (agence européenne de garde-frontières et de gardes-côtes).
Réconfortée par le soutien obtenu le 9 décembre dernier de la part de Bruxelles qui a entériné son intégration à l’espace Schengen, la Croatie a commencé le contrôle de la frontière avec la Bosnie-Herzégovine.
Le gouvernement croate espère boucler la procédure d’adhésion à Schengen le semestre prochain pour devenir le 27ème membre de cet espace, un événement attendu avec impatience par de nombreux citoyens croates.
L’entrée dans la zone de libre circulation revêt un enjeu économique important pour ce pays très dépendant du tourisme et que beaucoup de personnes actives ont quitté pour aller travailler en Europe de l’Ouest, d’autant plus que la pandémie du coronavirus a porté un coup dur au tourisme local.
Selon la presse croate, le pays a obtenu l’accord de Bruxelles pour l’adhésion à Schengen après avoir subi une évaluation qui a duré quatre ans. C’est la plus importante procédure mise en œuvre jusqu’à présent: 281 recommandations dans huit domaines clés dont la moitié concerne le contrôle de l’entrée sur le territoire, précise la presse qui note que la Croatie possède la plus longue frontière terrestre extérieure de l’UE étalée sur 1351 km qui la sépare de la Serbie, du Monténégro et de la Bosnie-Herzégovine.
Pour Bruxelles, plus un État membre possède des frontières extérieures, un important contingent de moyens techniques et financiers est mis en œuvre pour en renforcer la surveillance, un critère déterminant dans le suivi de l’adhésion à Schengen.
Le premier ministre croate Andrej Plenkovic, a affirmé que depuis 2018, la Croatie a renforcé sa politique migratoire en mobilisant plus de 6.000 gardes-frontières et un quart de ses effectifs policiers soit le plus gros contingent de l’UE. Il a rappelé que depuis 2013, le pays a aussi investi plus de 200 millions d’euros issus de fonds européens pour s’équiper: 415 véhicules, deux hélicoptères, 94 navires de surveillance fluviale et maritime et plusieurs centaines de caméras fixes et thermiques, le but étant de rendre les frontières hermétiques.
Selon lui, le soutien financier de Bruxelles a permis à la Croatie le durcissement de sa politique migratoire et lui a ouvert l’intégration dans l’espace Schengen. « En tant qu’État organisé, nous devons respecter les lois et les réglementations internationales car nous ne voulons pas avoir de problèmes», a-t-il déclaré le 10 décembre lors d’un conseil de gouvernement.
Pour l’UE, le contrôle des frontières est devenu un enjeu central de sa politique intérieure, comme du processus d’intégration. Depuis la crise politico-migratoire de 2015, les 27 cherchent à tout prix à surveiller l’accès à leur territoire, estime l’exécutif croate, rappelant que la Commission européenne a ajouté à sa réforme de l’asile, une procédure d’enregistrement des arrivées de migrants. Ce texte prévoit aussi d’étoffer le contingent permanent de Frontex, qui devrait atteindre 10.000 garde-côtes et gardes-frontières d’ici 2027 et mise sur la pleine coopération des systèmes d’information pour enregistrer les entrées et sorties du territoire d’ici 2023.
La Slovénie, pays voisin de la Croatie et membre de l’UE, s’est félicitée de la prochaine adhésion de la Croatie à l’espace Schengen. Le ministre de l’intérieur slovène Ales Hojs, dont le pays assure la présidence semestrielle du Conseil de l’UE, a déclaré que Zagreb a rempli les conditions nécessaires à l’application de toutes les parties de l’acquis de Schengen.
L’adhésion de la Croatie à l’espace Schengen ne deviendra effective qu’une fois que le Conseil de l’UE aura décidé à l’unanimité l’autorisation de la levée des contrôles aux frontières intérieures.
La Croatie durcit les contrôles aux frontières avant l’adhésion à l’espace Schengen
