Siham Toufiki.
Après leur plus longue fermeture depuis la Seconde guerre mondiale en raison des restrictions liées à la pandémie du nouveau coronavirus, les Musées du Vatican ont commencé depuis lundi à accueillir, sur fond de prudence, en nombre limité et dans le respect des règles sanitaires strictes, des visiteurs désireux de découvrir des chefs-d’œuvre artistiques rares, datant notamment de l’époque de la Renaissance.
Au premier jour de leur réouverture après 88 jours de mise sous cloche, ces musées, habitués à accueillir chaque année sept millions de touristes qui y affluaient du monde entier, faisaient la queue et se patientaient dans de longues files d’attente pour voir des trésors rares et variés et des œuvres d’art internationales des peintres les plus célèbres de l’histoire de l’humanité, recevaient lundi seulement un petit nombre de visiteurs.
Afin de contrôler le nombre de visiteurs, les musées ont autorisé des réservations en ligne pour une visite limitée dans le temps des lieux qui avaient fermé leurs portes le 8 mars, lors de la première vague de l’épidémie, avant de rouvrir au public en juin, pendant quelques jours, puis fermer à nouveau leurs portes.
Les visiteurs devront désormais se soumettre à un scanner thermique, porter des masques médicaux, utiliser un désinfectant pour les mains, et respecter des mesures préventives avant d’entamer leur découverte des trésors culturels sans encombrement, autant de mesures qui impactent toutefois les revenus générés par ces musées.
Selon la directrice des musées du Vatican, Barbara Yatta, le parcours de sept kilomètres tracé pour visiter les musées “ne représente pas un problème de santé ou une source d’infection”, dans la mesure où le nombre de visiteurs était faible au cours de l’été dernier lorsque les musées ont rouvert leurs portes en prenant en compte le nombre de visiteurs qui devraient s’y rendent dans les mois à venir.
Concernant la période de fermeture des musées, Mme Yatta a fait état d’une augmentation significative du nombre de visiteurs via Internet et des sites de réseaux sociaux tels que “YouTube” et “Instagram”, expliquant que des vidéos étaient publiées quotidiennement pour exposer les activités réalisées par les musées malgré leur fermeture dans le cadre des mesures décidées par le gouvernement italien.
En outre, les responsables des musées ont mis à profit la période de confinement imposé par le gouvernement italien en vue de freiner la propagation du Covid-19, pour effectuer des travaux d’entretien et de rénovation des lieux.
Cité-État unique en son genre avec sa petite superficie de moins de 44 ha, ce qui en fait le plus petit pays du monde, le Vatican regorge des musées vieux de plus de 500 ans, recelant des trésors exceptionnels et des œuvres d’art internationales des peintres les plus célèbres de l’histoire de l’humanité.
Patrimoine historique et artistique immortel, les musées du Vatican regorgent des millions de sculptures, d’œuvres d’art et d’artefacts précieux, collectés et jalousement conservés par les Papes qui se sont succédés sur le Saint-Siège durant des siècles, pour devenir, au fil du temps, une destination privilégiée pour sept millions de visiteurs chaque année parmi les passionnés des œuvres artistiques, spécialement ceux réalisées durant la période de la Renaissance (qui s’est étendue du XIVe siècle au XVIIe siècle).
Le plafond de la chapelle Sixtine au Vatican est l’une de ces œuvres d’art les plus importantes à travers les âges. Considérée comme la réalisation artistique la plus célèbre de la Renaissance italienne, la fresque, peinte directement sur le plafond de l’Eglise, représente des scènes majeures du Livre de la Genèse. Elle a tout particulièrement impressionné le public lorsqu’elle a été révélée pour la première fois en 1512. C’est le peintre Michel-Ange qui a mis quatre ans ( 1508 à 1512) pour réaliser cette chef-d’œuvre.
Les Musées du Vatican comprennent un ensemble de musées dédiés à de célèbres statues grecques, dont des statues de renommée mondiale telles que la statue de bronze d’Hercule, la statue d’Ariadan endormi et la statue d’Auguste de Prima Porta.
La naissance des musées est rattachée à la volonté du pape Jules II de faire déplacer au début du XVIe siècle des statues antiques, comme l’Apollon du Belvédère et le Laocoon, dans les jardins du Belvédère. Les statues venaient enrichir le projet de Bramante pour le Cortile del Belvedere, vaste complexe de bâtiments pour relier le Vatican à la villa du Belvédère. Bramante y conçoit également un jardin inspiré des palais anciens. Avec les statues, le jardin attire bientôt les artistes intéressés à étudier l’Antiquité romaine. Plus tard, d’autres sculptures, dont la Venus Felix et le Torse, sont ajoutées.
L’expansion des musées est ralentie sous le pontificat de Paul V en raison des travaux de la nouvelle basilique qui doit remplacer l’ancienne basilique construite par Constantin. Des fragments de peintures, de sculptures et de mosaïques sont cependant récupérés lors de la démolition.
Il faut attendre le XVIIIe siècle pour qu’un nouvel essor aux collections vaticanes soit donné, grâce en particulier à la bibliothèque Vaticane qui abritait déjà les restes de la bibliothèque de Constantinople. Le pape Clément XIV décide de transformer le Petit Palais du Belvédère en ce qui deviendra le musée Pio-Clementino qui sera achevé sous Pie VI. Puis, sous le pontificat de Pie VII, des salles sont aménagées pour accueillir les antiquités classiques, le musée Chiaramonti. Le pape instaure également une politique de protection du patrimoine artistique.
Après la chute de Napoléon, le Vatican réclame à la France la restitution des œuvres qui avaient été confisquées par l’empereur. Ensuite, sous Grégoire XVI, le musée Étrusque et le musée Égyptien sont créés pour faire place aux découvertes et acquisitions de vases grecs et étrusques ainsi que la petite collection d’antiquités égyptiennes.
Le Palais du Latran est également restauré pour abriter une collection d’art antique et des peintures qui devient le Musée grégorien profane. Le Palais accueille ensuite le Musée chrétien, à la suite des campagnes de fouille dans les églises et les catacombes, et le Musée ethnologique missionnaire pour les dons et les collections des missions évangéliques. Ces trois musées seront rapatriés au Vatican sous les pontificats de Jean XXIII et de Paul VI.
Sous Grégoire XVI toujours, la Pinacothèque vaticane voit le jour afin de recevoir les collections de tableaux. L’espace réservé variera au cours des siècles suivants jusqu’à l’inauguration en 1932 du bâtiment actuel.
Lorsque le Vatican devient l’État de la Cité du Vatican, en 1929, une nouvelle entrée aux musées doit être prévue. Ce sera sur le Viale Vaticano à travers les remparts et par l’escalier hélicoïdal de l’architecte Giuseppe Momo, l’escalier de Bramante. Enfin, en février 2000, le pape Jean-Paul II inaugure la nouvelle entrée, mieux adaptée, et dotée elle aussi d’une rampe hélicoïdale.