Destination incontournable de la culture, des arts et du patrimoine, et ville impériale combien chargée d’histoire, Marrakech s’est métamorphosée, ces derniers jours, en se mettant généreusement aux rythmes et couleurs du Festival National des Arts Populaires (FNAP), un événement unique en son genre et le plus ancien au Maroc à souffler, cette année, sa 51è bougie sous le signe “chants et rythmes éternels”.
Le FNAP a, certes, cette particularité de démontrer encore une fois que l’art dans sa contenance est dépourvu de toute logique et que sa magie et sa splendeur émanent des sensations à provoquer via, des mises en images splendides et des danses chorégraphiques mêlées aux danses populaires, de quoi faire goûter aux spectateurs une somptueuse élégance. Une fracassante tempête de sensations et d’émotions qu’offre cet événement éclectique, à même de jeter des corps bondissants engagés déjà dans des échanges gestuels fabuleux et synchronisés.
L’intérêt porté, depuis des années, à la préservation des arts populaires en tant que patrimoine immatériel de l’humanité, et partie indissociable de l’identité diversifiée et plurielle mais dans l’unité du Maroc et surtout, sa pérennisation via sa transmission aux générations montantes, ont fait que le nom de Marrakech, cité millénaire, se trouve intrinsèquement lié aux arts populaires pour les intégrer dans son ADN.
Un constat tout aussi logique que judicieux en ce sens que le coeur battant de la cité ocre à savoir : la mythique Place de Jemaâ El Fna a toujours joué ce rôle de pérennisation et de transmission de ce savoir-faire singulier et ancestral de génération en génération. Et pour preuve : plusieurs Maâlems et icônes de ces arts populaires, sont les lauréats de cet espace “Monde”, de cette université “à ciel ouvert” et de l’un des berceaux incontournables du patrimoine de l’humanité.
Après de longs mois si “pénibles” et “douloureux” d’arrêt de toutes les activités culturelles et artistiques et leur transmission via des plateformes virtuelles, en raison de la crise pandémique liée au nouveau coronavirus, Marrakech “la nostalgique” a eu le privilège à compter du 1er au 5 juillet courant, de renouer avec ces arts et de recevoir “du monde” parmi les aficionados les plus avides, le temps de permettre de “belles retrouvailles” tant attendues, dans le cadre de cette nouvelle édition du FNAP, toute aussi exceptionnelle que porteuse de promesses.
Chaque soir à l’approche du démarrage des soirées et concerts programmés dans le cadre de cet événement de haute facture, les alentours des différentes zones de la Cité ocre abritant des scènes de spectacles en l’occurrence : la mythique Place de Jemaâ El Fna, la Place El Harti dans le quartier huppé de Guelliz ou encore, le Théâtre Royal sans compter le Plais Badii (scène principale) connaissent une effervescence, sans précédent, avec l’arrivée en masse d’une foule pesante de spectateurs, issus de différents cieux et d’âges différents, parmi les plus faméliques mais aussi, curieux de découvrir des troupes folkloriques issues de moult régions du Royaume.
Des Maâlems “hors pair” et de “vrais ambassadeurs” qui ont consacré une grande partie de leur vie à la préservation de ces arts mais aussi, ont veillé “jalousement” à les faire revivre et à ne ménager aucun effort afin de remettre le flambeau aux jeunes générations et ce, sans compter le rôle qu’ils ont joué dans la promotion et la mise en valeur de ces arts au-delà des frontières nationales, à l’occasion de participations distinguées dans des événements, Salons et Foires à travers les quatre coins du Globe.
Au-delà de sa portée festive et récréative, le FNAP contribue pleinement à la dynamique touristique et socio-économique enclenchée dans la Cité ocre. Il revêt de même une portée académique et sociologique et une valeur symbolique en offrant cette opportunité aux chercheurs de s’intéresser davantage à ce legs. Enfin, le FNAP se veut aussi une opportunité idoine de rendre un incandescent hommage à ces généreux maâlems et artistes qui ont remarquablement contribué à la richesse de la scène artistique nationale, en permettant de tisser des passerelles permanente avec ce patrimoine ancestral du Maroc profond.
Dans des déclarations à M24, la chaine télévisée de l’information en continu de la MAP, plusieurs festivaliers ont été unanimes à mettre en avant l’importance de ce Festival qui met toute la ville de Marrakech en fête et crée la joie chez les habitants de la cité ocre comme chez ses visiteurs, se disant très impressionnés par le professionnalisme et l’engagement des troupes folkloriques à représenter cet art séculaire de la manière la plus élégante.
Ils ont aussi mis en relief l’écho de ce festival à l’échelle nationale et sa contribution remarquable à la promotion du tourisme, avec un focus sur son rôle en termes de vulgarisation et de rapprochement de ces arts séculaires, du grand public.
Pour les organisateurs de plus ancien festival du Royaume, le FNAP est non seulement la manifestation culturelle la plus importante dans l’histoire du Maroc contemporain, mais depuis 1960, il bénéficie de la Haute Sollicitude Royale.
“Le FNAP a été initié par Feu SM Mohammed V. Reprenant le flambeau, Feu SM Hassan II signalait par Son Haut Patronage l’attachement Royal à la valorisation et à la promotion des arts populaires marocains”, ont-ils rappelé, notant que “Sa Majesté le Roi Mohammed VI, en reprenant avec force la tradition, le Souverain veille scrupuleusement sur la continuité du FNAP de la ville impériale des Almoravides”.
Et de poursuivre qu’à son 40è anniversaire, le FNAP a été déclaré par l’UNESCO +chef d’oeuvre du patrimoine culturel immatériel de l’humanité+, le 4 juillet 2005, faisant savoir que désormais, le FNAP s’est érigé en un univers de talents et de rêves, avec une consécration internationale plus qu’éloquente et hautement symbolique.
“Cet événement est une forte conscience culturelle et une énorme boule d’énergie qui balaie tous les clichés anti-culture. Le FNAP est l’un des tous premiers berceaux de la culture contemporaine marocaine. il présente des spectacles qui défilent toutes les théories d’analyses critiques sur son désordre artistique qui est +le désordre de l’art et de la magie+ dans la fantasmagorie et la grâce”, ont-ils expliqué.
Et de poursuivre que le but final du FNAP est de placer l’homme au coeur d’une authentique fraternité à travers le monde, tout en faisant rêver à travers ses spectacles qui distillent subtilement un message universel : celui de la paix, et de l’authenticité culturelle dans cette fresque mosaïque de cultures et de couleurs des quatre coins du monde.
L’un des prestigieux moments du Festival demeure la grande soirée musicale programmée dans l’emblématique Palais El Badii, occasion pour le public d’être gratifié d’un spectacle féerique et de toute beauté et où, les artistes vêtus de leurs costumes traditionnels soigneusement embellis de parures et de bijoux traditionnels (pure confection à la main de l’artisan marocain) comme pour faire revivre ces métiers séculaires, défilent sur scène, avec une allure et une apparence toutes proches de l’irréel que fantasmagoriques.
Il s’agit en somme, d’une immersion des plus singulières offerte par le FNAP, le temps de goûter à la magie et à la splendeur des chants, des sonorités, et des danses “légendaires” des époques les plus radieuses de l’histoire séculaire du Royaume, avec une fibre subtile portant la marque de “la préservation et de la revivification de l’authenticité” dans un Maroc qui tout en étant tourné vers son histoire et son patrimoine séculaire, a déjà emprunté le train de la modernité et du progrès sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et organisé par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication- Département de la Culture, en partenariat avec l’Association le Grand Atlas, le FNAP a cette année, l’Espagne comme invité d’honneur.
Cette édition accueille près de 650 artistes et 53 troupes, dont 34 se produisent au Palais Badii, alors que 19 autres investiront différents espaces de la cité ocre en vue de rapprocher les arts populaires d’un plus large public.