– Ilias Khalafi –
Le secteur du tourisme en Afrique du Sud est décidément dans une mauvaise passe. Plusieurs pays dans le monde ont annoncé la fermeture de leurs frontières suite à la détection du nouveau variant Omicron, laissant les professionnels sud-africains dans un désarroi total.
Cette situation constitue un coup dur pour le tourisme sud-africain qui a déjà vécu une vraie traversée du désert durant les deux dernières années, affecté par les confinements successifs mis en place par le gouvernement pour faire face à la pandémie.
Ces fermetures sont particulièrement préjudiciables en cette période de l’année, car le pays se prépare à la prochaine saison estivale, qui coïncide en Afrique du Sud avec l’été austral (décembre/mars), dans l’espoir de palier les pertes subies durant les derniers confinements.
Après la deuxième vague d’infections à la covid-19 qui avait ruiné la saison de 2020, les professionnels du tourisme ont à nouveau été pris de court par les nouvelles fermetures de frontières imposées par de grands pays émetteurs de touristes comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne.
Réagissant à cette situation alarmante, la présidente de la Federated Hospitality Association of South Africa (Fedhasa), Rosemary Anderson, qui représente l’industrie hôtelière en Afrique du Sud, a mis en garde que la situation que traverse le secteur était devenue insoutenable.
Rappelant que le secteur du tourisme et de l’hôtellerie génère 1,5 million d’emplois directs et indirects dans le pays, elle a affirmé que “nous ne pouvons pas vivre la même situation du mois de décembre 2020 durant lequel les restaurants et les entreprises hôtelières ont subi de plein fouet les réglementations de la Covid-19”.
Même son de cloche chez le Conseil sud-africains du tourisme (TBCSA) qui estime que ces interdictions de voyager auront des conséquences désastreuses sur l’ensemble de l’économie du pays.
Le directeur général de TBCSA, Tshifhiwa Tshivhengwa, a regretté que ces décisions «prises à la hâte» n’ont pas donné aux entreprises touristiques la possibilité de mettre en place des plans qui sauveraient les moyens de subsistance et maintiendraient la chaîne de valeur du tourisme.
“Le secteur du tourisme et de l’hôtellerie continue de subir le plus gros des dommages avec chaque découverte de nouveau variant et les blocages inévitables, en raison de la propagation du virus”, a-t-il regretté.
Dans la ville du Cap, considérée comme la plus importante zone touristique du pays, l’annonce de fermeture des frontières a suscité beaucoup d’appréhension. Geordin Hill-Lewis, maire de la ville fraichement élu, a affirmé que ces restrictions sont “une très mauvaise nouvelle”, déplorant le fait que les propriétaires de petits hôtels ont vu toutes leurs réservations annulées.
Il a indiqué, à cet égard, que le secteur du tourisme est extrêmement important pour la ville du Cap, car il assure des emplois pour des dizaines de milliers de familles et contribue aux recettes de la municipalité.
Quant à Ravi Pillay, directeur du tourisme dans la province du KwaZulu-Natal, deuxième destination balnéaire du pays, il s’est dit profondément préoccupé par les répercussions que pourrait avoir cette nouvelle souche du coronavirus détectée en Afrique du Sud juste avant la saison des fêtes.
“Nous avions été très encouragés par ce que nous pensions être une bonne reprise, nos hôtels commençaient à se remplir, donnant un vrai coup de pouce à notre secteur touristique”, a-t-il dit, notant que les fermetures annoncées par le Royaume-Uni et les pays européens anéantissent les espoirs de reprise durant cette saison.
Dans ce contexte, l’Association des restaurants sud-africains (RASA) est allée jusqu’à appeler à une rencontre avec le Président Cyril Ramaphosa pour le dissuader d’imposer de nouvelles restrictions, alors que le pays fait face à une recrudescence d’infections à la Covid-19.
L’association a fait observer qu’elle ne peut pas “se permettre un autre confinement strict, car cela paralysera financièrement ses membres et entraînera des pertes d’emplois massives”.
À la lumière de ces derniers développements, le tourisme semble être l’un des secteurs les plus affectés par les restrictions de voyages imposées à l’Afrique du Sud par de nombreux pays à travers le monde. Pour la deuxième année consécutive, les professionnels du secteur devraient compter leurs pertes, tout en espérant que l’année prochaine sera meilleure.