.-Par Abdelghani AOUIFIA-.
Dans presque chaque rue de Beijing, la capitale de la Chine, des centaines de résidents font la queue à longueur de journée pour faire leurs tests anti-Covid-19 en application des strictes mesures sanitaires imposées par les autorités dans une tentative de freiner la propagation du Coronavirus.
Un énorme dispositif de cabines de test est déployé à travers cette métropole de plus de 22 millions d’habitants, offrant gratuitement des tests aux habitants.
Depuis le début de l’actuelle vague des infections, les autorités exigent des habitants un test toutes les 48 heures pour pouvoir accéder aux lieux publics encore ouverts.
Conformément aux directives officielles, toutes les grandes villes sont tenues d’installer des cabines de test à moins de 15 minutes à pied de n’importe quel endroit pour garantir que les tests soient facilement accessibles à tous.
Dans les quatre coins de Beijing, l’atmosphère est celle de la mobilisation, face à une flambée épidémique qui ne montre aucun signe de fléchissement. Les autorités, locales et nationales, ne baissent pas les bras. Le caractère sérieux et intransigeant des mesures de contrôle est palpable.
En dépit de la mobilisation, l’exigence de tests suscitent malaise chez les uns et sarcasme chez les autres.
« La date de péremption de mon pain est de sept jours. Mais celle de ma santé est de 48 heures seulement », murmure un citoyen qui faisait la queue pour faire son test.
Pour d’autres plus imbus de la culture chinoise d’engagement et de respect des règles communautaires, ne pas renouveler son test toutes les 48 heures s’apparente à « un comportement honteux ».
« Même si je ne quitte que rarement la maison, je dois me plier aux exigences de la communauté de se faire tester », indique cette résidente d’un complexe de Chaoyang, le quartier qui enregistre le nombre le plus élevés d’infections à Beijing.
« Ne pas avoir un test à jour est honteux », martèle-t-elle.
Pendant ce temps, les autorités locales ne ménagent aucun effort pour appliquer à la lettre les principes de l’approche « tolérance zéro » prescrite par le gouvernement pour freiner une propagation dangereuse du Covid-19 dans ce pays le plus peuplé du monde.
Le signe de cet engagement a été remarqué lors de la visite d’inspection effectuée lundi dans la capitale par la vice-Première ministre, Mme Sun Chunlan, véritable patronne du dossier sanitaire depuis le déclenchement de la pandémie dans le pays.
Lors de sa tournée dans différents quartiers de la métropole, elle a appelé à une intensification des efforts de lutte contre la pandémie dans le strict respect de la politique gouvernementale.
Des mesures plus précises doivent être mises en œuvre pour rompre les chaînes de transmission du Covid-19 dans la capitale, a-t-elle dit, citant notamment le suivi épidémiologique, le transfert et la mise en quarantaine afin d’assurer la santé et la sûreté de la population.
En dépit des critiques notamment dans les médias occidentaux, l’approche chinoise consistant notamment à des confinements, des quarantaines et des dépistages massifs, semble prouver son efficace sur le plan sanitaire.
Au summum de la pandémie, le pays a enregistré seulement quelques milliers de décès liés au Covid-19, selon les chiffres officiels. Mais l’impact sur l’économie commence à se faire ressentir dans cette deuxième puissance économique mondiale.
La semaine dernière, des chiffres officiels montrent que l’économie commence à s’essouffler sous l’effet de la pandémie. Les données du Bureau national des statistiques (gouvernemental) indiquent une baisse de 11,1 pc des ventes en détail au mois d’avril dernier par rapport au même mois de 2021. Le chômage s’est, quant à lui, aggravé pour atteindre 6,1 pc. Un record inquiétant.
Cette situation a poussé le gouvernement à dévoiler de vastes plans de soutien à l’économie dans le souci de préserver les fondamentaux économiques et sauvegarder l’emploi.
En dépit de cet impact, aucun relâchement n’est toléré dans l’application stricte de la stratégie de lutte contre la pandémie. Dans la mise en œuvre de cette stratégie, les autorités s’appuient sur des recherches scientifiques.
Une récente étude, réalisée par des scientifiques en Chine et aux Etats-Unis, indique que la Chine risquerait d’enregistrer des décès allant jusqu’à 1,5 millions en cas d’abandon de l’approche « tolérance zéro ».
Le niveau d’immunité atteint à la faveur de la campagne de vaccination serait insuffisant pour empêcher une vague d’infection d’envergure, ont écrit les auteurs de l’étude, relevant que cette situation provoquerait une hausse de la demande de soins intensifs dépassant les capacités existantes du système de santé, pouvant causer environ 1,5 million de décès.