Par Driss HACHIMI
En Inde, les fêtes religieuses revêtent une importance toute particulière pour un large pan de la population avide des célébrations et des festivités même pendant les temps les plus difficiles.
A peine sorti d’une vague virulente de Covid-19 qui a littéralement mis à genoux le système de santé en avril et mai derniers, le pays aux cultures et religions kaléidoscopiques a d’ores et déjà entamé en fanfare cette semaine les célébrations de la fête Ganesh Chaturthi qui dure 11 jours et qui drainent habituellement d’immenses foules.
Les fidèles en particulier à Bombay se sont rassemblés pour célébrer l’anniversaire du Lord Ganesh à tête d’éléphant. Le grand char orné de fleurs de Ganesha sillonne les rues, accompagné de joueurs de flûte, de tambour, de danseurs et de chanteurs.
Par ailleurs, des millions de Hindous, Sikhs et Jaïns ont déjà entamé les préparations pour célébrer le Diwali, qui commémore d’après la mythologie indienne la victoire du Lord Rama avec l’aide du roi-singe Hanuman, sur le démon à dix têtes Ravana et son retour triomphal à son royaume à la cité d’Ayodhya.
La saison des fêtes religieuses en Inde, qui dure plus de trois mois, est marquée également par la célébration, fin octobre, de la très populaire fête de Dussehra dans le nord du pays.
Bien que les festivités de cette année se tiennent à échelle réduite, Covid-19 oblige, les experts de santé mettent en garde contre une recrudescence des cas, rappelant que la Kumbh Mela, l’un des plus grands rassemblements religieux du monde, qui avait attiré en février 2021 plus de 20 millions de pèlerins hindous, a bien été parmi les principales causes ayant provoqué une vague virulente de la Covid-19 qui a coûté la vie à plus de 200.000 morts en avril et mai derniers.
Et pour les autorités indiennes, prévenir vaut mieux que guérir. De ce fait, elles ont décidé de réimposer des restrictions de déplacement afin d’éviter une flambée des cas. Ainsi, les citoyens ont été invités à éviter les grands rassemblements prévus à cette occasion et à respecter les mesures sanitaires.
“Nous pourrons célébrer les festivals plus tard. Donnons d’abord la priorité à la vie et à la santé de nos citoyens”, a indiqué à la presse Uddhav Thackeray, le chef du gouvernement local de l’Etat du Maharashtra, qui abrite la capitale économique de Bombay.
Il a également averti que la situation pourrait devenir incontrôlable en raison de l’augmentation des cas quotidiens et ordonné l’annulation de tous les événements et réunions sociaux, religieux et politiques.
Cependant, la tâche ne semble pas aisée pour contrôler les centaines de millions d’Indiens, avides des rituels colorés et de rassemblements aux mille senteurs et ce après une année et demi de restrictions et d’interdictions de toutes formes de festivités.
Même si le gouvernement admet que les festivals permettent de ressusciter une économie en berne, il s’inquiète en revanche que les gens s’entassent dans les lieux de festivals sans aucun respect de la distanciation sociale ni des protocoles sanitaires.
La capacité de l’Inde à contrôler une nouvelle vague dépendra également de la couverture vaccinale. “Il faut vacciner les catégories vulnérables et faire en sorte que l’ensemble de la population ait reçu au moins une dose”, préconise l’expert en santé, Giridhara Babu. Pour y parvenir d’ici à la fin de l’année, l’Inde devrait inoculer 10 millions de doses par jour, a-t-il dit.
A ce jour, plus de 800 millions de doses ont été administrées au pays de 1,35 milliard d’habitants, mais le nombre de personnes ayant reçu deux doses est toujours inférieur à 20% de la population éligible au vaccin.
Depuis le mois de juillet, l’Inde stagne autour de 30.000 nouveaux cas de Covid-19 signalés par jour, alors que les séquelles de la deuxième vague liée au variant Delta restent encore dans les esprits.